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Et souffle un vent léger

 

Franck Noël - très attendu ! - était présent ce dimanche 12 Mars 2022 sur les tatamis du gymnase Léo Lagrange, à Paris.

 

Il démarre en douceur sur Katate Dori et déjà il est question de centrage : de l’axe vertical de Tori, de Uke qui se place, dans un pivot et profite ainsi de son relâchement ; d’emblée, tous deux s’entendent et on respire.

 

Franck Noël, 7e Dan Shihan de l’Aïkikaï de Tokyo, passe sans bruit entre les pratiquants, voit tout et peaufine un geste. Après deux ans d’absence sur les tatamis d’Ile-de-France en raison de la pandémie, trop rare ces derniers temps sur les tapis, il insuffle sa droiture calme et son humour bon enfant. Volontairement léger, toujours profond pourtant, il insiste sur la posture et nous montre des techniques fluides : un aïkido dynamique et sans heurt, disponible, où l’accent est porté sur la relation.

 

C’est vif et clair, mais il n’y a aucune force. Et pour tous les présents ici, qui sont venus nombreux sur les tatamis du gymnase Léo Lagrange, conscients d’un évènement d’exception, pour tout dire c’est très agréable.

 

Verticalité, nous justifie le maître ; pas de mouvements épars ; et il démontre, par cercles, agile et pourtant dense. On guette son œil espiègle, une remarque, un sourire, le plaisir de recevoir un conseil bien à soi.

 

Mais il est si léger qu’à peine passé il est déjà là-bas, en train de redresser la position d’un coude. Parlant peu mais montrant, montrant beaucoup, avec des gestes clairs et rapides, qui rappellent par flash sa parenté de pratique avec celle de Yamaguchi Sensei.(1)

 

Dans le Japon des années 70, lui-même comme Christian Tissier, se sont nourris de cette pratique incisive, virevoltante, toujours relationnelle, du maître japonais dont les tenants encore aujourd’hui nous semblent légendaires ; même au-travers de rares extraits filmés.

 

Ce qu’il a construit tout au long de ses 50 années de pratique, assidue, accueillante, il ne l’abordera qu’en quelques mots, mais nous poussera toujours à le ressentir.

 

Discret, il guide, amène à s’interroger. On se souvient qu’il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont le grand Fragments de Dialogue à deux inconnues (1996) (2) qui a accompagné le développement et la pratique de nombreux aïkidokas en France ; l’un des premiers ouvrages alors à aborder toute la valeur de l’échange, si présente dans notre discipline et ce qu’elle devait amener à chacun pour se construire.

 

Ayant confié aujourd’hui son dojo de La Roseraie aux mains expertes de Gaston Nicolessi, 6e Dan, qui poursuit son ouvrage avec gentillesse et exigence, on sait la chance d’avoir pu le retrouver aujourd’hui.

 

Merci à vous, Monsieur Noël ; de nous donner le goût de l’excellence ; et de porter sur chacun, comme un souffle frais, la même énergie et la même attention. 

 

 

 

 

1) Seigo Yamaguchi Sensei : Maître d'Aïkido, élève direct de O Sensei (réfs. bibl).

 

2) Fragments de Dialogue à deux inconnues, éd. F. Noël, 1996.

 


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