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Une séance d'aïki-taïso avec Georges

A la (re)découverte d'un bon complément à la pratique de l'aïkido, pour apprendre à gérer son corps et son souffle dès lors qu'on entre en mouvement...

 

L’ambiance est calme et studieuse, propice à la concentration. Tous les élèves présents ne portent pas de gi : il y a ceux qui sortent du cours d’aïkido, juste avant  et ceux qui ont rejoint les autres ; ceux- là ont enfilé un simple survêtement et c’est bien suffisant, puisqu’on privilégie une tenue souple.

 

Pour un peu, on se croirait encore à l’entraînement : les mouvements initiés par le professeur ressemblent étrangement à notre échauffement de tout à l’heure, quand on éveillait toutes nos articulations et travaillait les muscles de posture, avant de commencer à pratiquer.

 

C’est que l’aïki-taïso, justement, a tout à voir avec l’aïki.

 

Des gestes amples, qui canalisent l’énergie, une grande attention portée à la respiration, qu’on écoute se former, qu’on aide avec des gestes amples. Seul ou avec partenaire, on travaille les placements, au sol, debout, selon un rythme étudié, qui affiche nettement sa progression.

 

Georges Tran,  4eDan Aïkikaï, enseigne l’aïkido à Dieppe et propose ici un cours de complément. D’origine vietnamienne, passionné par les disciplines martiales, Il le pratique lui-même depuis de longues années et l’associe volontiers à d’autres pratiques énergétiques, comme le Taï Chi Chuan ou le Qi Gong. 

 

Quand on lui demande ce qui a motivé chez lui ce nouvel enseignement, il parle de la place vacante, laissée en aïkido, pour tout ce qui relève de la préparation physique comme du retour au calme.

 

Et ce qui paraît un peu nouveau en occident, où l’on a tendance à séparer les approches (énergétique d’un côté, martiale de l’autre), l’orient, lui, l’associe depuis longtemps, tant il est logique dans une culture du mouvement de ne pas oublier ce qui justement l’aide à naître et à se former.

 

On l’a vu dernièrement avec Tada Senseï (9e Dan Aïkikaï et plus haut gradé actuel hors Doshu), invité en France au mois de juin et dont les cours d’aïkido étaient complétés par des séances de Ki No Renma (1) : il est des exercices propices à la mise en condition physique et mentale, qui favorisent l’entrée dans l’action.

 

Le Taïso (« Préparation du Corps » en japonais) est pratiqué de longue date au Japon, au départ par les compétiteurs de Jujitsu et quotidiennement par O Senseï, qui en fait bénéficier ses élèves.

 

Il se développe en France notamment par l’intermédiaire de Tamura Senseï (2), précurseur de l’aïkido sur notre sol, qui a le souci de faire partager toutes les nuances de sa culture. 

 

Marginalisé par la suite au sein du travail martial, comme pratique douce réservée à un public fragile ou peu enclin à l’effort physique, l’aïki-taïso est redécouvert aujourd’hui comme outil d’apprentissage. 

 

Un vaste espace à reconquérir : c’est là tout le travail, tout en subtilité, que Georges s’est proposé de mettre en place. Durant plusieurs mois, l’année dernière, au sein d’une commission spécifique de la F.F.A.A.A dont il est l’instigateur, il explore les pistes  qui réintroduiront le Taïso sur les tapis.

 

Un pari réussi, puisque plusieurs projets sont maintenant à l’étude et que lui-même assure un cours spécifique depuis cette rentrée (3).

 

 

Parce que l’aïki-taïso est une pratique plus douce, il pourra convenir à ceux dont les fragilités physiques peuvent rendre périlleux un travail plus tonique. Il s’adaptera également à un public plus âgé, désireux de poursuivre la pratique martiale sans prendre le risque de se blesser.

 

Mais parce qu’il est un travail martial à part entière, l'aïki-taïso va convenir en fait aux pratiquants de tous âges, dont les plus aguerris, désireux de monter en niveau. Ceux-là y puiseront des clés pour assouplir leur corps et développer de la disponibilité.

 

Une pratique, donc, faite pour tous, utile pour s’affûter dans la bonne humeur.

 

Or la bonne humeur est contagieuse sur le tatami de Georges, qui, en offrant des outils au cas par cas, assure la connivence de son groupe.

 

Agé ou bien jeunot, débutant ou gradé, chacun trouvera à explorer ses propres pistes.

 

Un complément technique de qualité, dans l’esprit du Budo, tout simplement.

 

 

 

 

 

(1) Discipline énergétique initiée par Hiroshi Tada dans le but de servir de complément à l’aïkido et d’en fluidifier la pratique.

(2) Nobuyoshi Tamura : Maître japonais renommé ; Installé en France dès 1964, il va beaucoup y développer la discipline et y fonder notamment la première fédération d’aïkido.

(3) Dojo de l’A.C.C à Paris Bercy (12e arr.), renseignements complémentaires : aikidopatrice.com

 

 

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