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Le vol de l'aigle

 

Franck Noël nous proposait ce dimanche*(1) toute la subtilité de son art sur les tatamis du gymnase Hector Berlioz.

Source : F.F.A.A.A Ile-de-France
Source : F.F.A.A.A Ile-de-France

D’entrée de jeu, l’accueil sur le tapis est convivial.

 

L’ambiance est calme, tout en gardant un côté bon enfant, grâce auquel le nouveau venu se sent tout-de-suite accepté.

 

C’est là  un signe très sûr, quoique subtil.

 

Signe que l'on se trouve dans un stage de haut niveau, même si tout pratiquant est le bienvenu.

 

On sent d'ores et déjà, quel que soit son bagage, qu'on trouvera un travail à sa mesure.

Un beau stage national, qui s'adresse à tous.

 

 

C'est le signe tout aussi certain qu'il va nous falloir dépasser les apparences ; comme le miroir tranquille d'un étang dont la profondeur reste insoupçonnée.

 

Franck Noël, 7e dan de l’Aïkikaï de Tokyo*(2), est une référence bien connue de la discipline. Installé à Toulouse, où il enseigne à l'année*(3), il nous fait la joie de proposer ses stages régulièrement aux abords de Paris.

 

Intuitif, discret, il se déplace sur le tatami au beau milieu des pratiquants, forme un cercle soudain, disparaît dans la foule. Il est là, de nouveau, prenant soin d’expliquer à chacun, dès qu’il perçoit une hésitation.

 

Patient, disponible, il va voir tout le monde. Un simple regard et l'on est dans ses mains, où il s’attache à vous communiquer la juste sensation.

 

Il parle d’une voix claire, qu’on entend de loin et on s’en trouve d’ailleurs presque étonné : un homme sans ostentation, qui passe à côté de vous sans déranger, pour que vous restiez concentré sur la pratique ; mais qui est là, tout le temps, chaque fois que vous avez un doute dans votre façon de vous déplacer.

 

Des longues années passées au Hombu Dojo, le senseï a gardé une approche japonaise, qui peut passer quasi insoupçonnée.

 

Affable avec tout le monde, il dirige son stage comme un instituteur, offrant les bons repères à une myriade d’enfants – jamais paternaliste et sans affectation.

 

C’est lorsque la pratique s’organise et qu’on tente d’appréhender ce qu’il dit n’être qu’un mouvement simple, qu’on prend conscience en fait de sa forte technicité.

 

Au cœur de son travail, il y a le souffle. On se prend à écouter le bruit de sa propre respiration ; elle nous aide à établir un rythme...

 

Une approche japonaise, quand nous européens somme habitués à rechercher un angle, une direction...

Lui s’attache à l’unité du corps, des hanches avec les mains, avec le ventre.

La technique en découle, naturellement, on se déplace avec économie...

 

 

Alors, zen, ce travail ? Sans aucun doute. Mais qui n'oublie en rien sa redoutable efficacité.

Il faudra rentrer au bon moment, pivoter. Trouver le bon placement. Comme à l’Aïkikaï.

 

Dans ses mains, sous nos yeux, le moindre Irimi Nage s’envole.

S'il donne l’impression de ne faire que passer, le maître, en un éclair, accentue la pression.

Redoutable de précision, sa technique trouve sa proie et prend les airs.

 

Incisif, il propose soudain une clé, puis déploie ses ailes, toujours souriant.

 

 

 

 

 

(1) Stage National organisé le dimanche 11 mars 2018 à Vincennes par la Fédération Française d'Aïkido, Aïkibudo et Affinitaires d'Ile-de-France.

(2) Franck Noël, références biographiques ici.

(3) Dojo de la Roseraie : http://www.aikido-noel.com.

 

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